Édition du 5 décembre 2004

Carrefour BLE (Bio Local Emploi) à Saint-Casimir

Les élèves en classe

Watik, Hichem et Fabien ont quitté leur pays pour refaire leur vie au Québec. Cette nouvelle vie pourrait commencer dans Portneuf, ou la région de Québec, avec un emploi dans le domaine agroalimentaire.

Avec une douzaine d’autres immigrants, les trois hommes ont commencé lundi dernier un stage de deux mois et demi de mise à niveau de leurs compétences offert par Carrefour BLE (Bio Local Emploi) à Saint-Casimir.

Le programme de 1360 heures fera découvrir aux participants, qui proviennent en majorité du Magreb, les particularités de la pratique agricole au Québec, avec sa législation et ses programmes gouvernementaux, les particularités de la vie au Québec et de la ruralité québécoise.
"L’agronomie est le seul secteur d’immigration pour lequel s’offre une mise à niveau des compétences, affirme Lionel Gauvin, chargé de projet pour Carrefour BLE. C’est une expérience pour faciliter leur intégration à la vie rurale."

Les membres du groupe de Saint-Casimir sont âgés entre 30 et 40 ans, sont presque tous agronomes et parlent tous deux trois langues, dont le français, indique Lionel Gauvin. Parmi eux, il n’y a qu’une femme.

Débarqué au Québec il y a seulement deux mois, l’agronome argentin Fabien Pons mise sur ses 17 ans d’expérience dans la grande entreprise de transformation des fruits et des pommes de terre pour trouver un emploi. C’est de son stage que dépendra sa décision d’aller en région, dit-il.

Watik Hamdine est arrivé au Québec à la fin septembre lui aussi. Ce docteur en agronomie, professeur à l’université en Algérie, se dit très concerné par la protection de l’environnement et se verrait au sein d’un club conseil agroenvironnemental.

La formation pourrait bien leur permettre d’atteindre leurs objectifs. En 2002, 85% des 30 participants aux stages ont décroché un emploi, et 91% d’entre eux en région, autour de Montréal et en Estrie.
Sentant une certaine saturation et profitant de la volonté de la ministre des Relations avec les citoyens et Immigration, Michelle Courchesne, d’augmenter l’intégration d’immigrants en région, Carrefour BLE a décidé de s’installer à Saint-Casimir. Il a trouvé l’espace au Vieux Couvent, où il loue les 4e et 5e étages.

Selon Lionel Gauvin, l’organisme a rejeté l’option de l’ancienne école d’agriculture de Sainte-Croix de Lotbinière, parce qu’il y avait trop de rénovations à faire. Les démarches de la municipalité de Saint-Casimir ont convaincu l’organisme.

Selon le maire André Filteau, la formation offerte à Saint-Casimir est le fruit d’une concertation entre les régions de Québec, Chaudière-Appalaches, de Charlevoix et de la Mauricie. La Commission scolaire de Portneuf, le CLD et d’autres organismes seront mis à profit pour munir les participants de tous les outils pour vivre en région. "La plupart des participants n’ont pas de permis de conduire. C’est impensable de travailler en région sans avoir une auto, fait remarquer Lionel Gauvin. On leur donnera des cours de conduite."

Le maire Filteau souhaite qu’au moins quelques-uns des stagiaires s’installent dans la région. Sa municipalité en dévitalisation (50% de la population à plus de 50 ans) a bien besoin de nouveaux arrivants. "La population peut être plus craintive, mais il faut aller vers elle. Il est important pour les citoyens de vous connaître", a dit M. Filteau aux stagiaires mardi.

Lionel Gauvin affirme que l’immigration n’est pas une solution miracle: "L’immigration n’est pas la panacée à l’exode, mais il peut contribuer à revitaliser un secteur en perte de population."

"On a beaucoup de bonnes intentions. On veut connaître les gens de la région", affirme le Tunisien Hichem Mahjoub qui a mis le pied au Québec il y a un mois à peine. Il lance d’ailleurs l’invitation aux sportifs à disputer un match, de soccer de préférence, contre l’équipe du Carrefour. "Ça peut être n’importe quel autre sport, mais pas sur patins!" s’empresse d’ajouter Fabien Pons.

 

Crée le 12 décembre 2004

Michel Godin

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